Dans une optique de soutien à l’activité et à la dynamique des territoires ruraux, le principal défi pour décaisser les financements publics et accélérer les projets est la disponibilité de ressources humaines de haut niveau, aptes à cadrer, structurer, sécuriser et rendre aussi qualitatifs que possible lesdits projets. Il revient donc à créer et garantir in situ une ingénierie territoriale composée de femmes et d’hommes experts en leurs domaines, permettant d’appuyer les collectivités locales dans le passage de l’identification d’un besoin ou dans la formulation d’une idée, au lancement d’une opération précise et concrète (aménagement du territoire, équipement public ou politique publique).
Tout l’enjeu de l’ingénierie territoriale consiste bien à mobiliser un ensemble de compétences couvrant les maillons « amont » de la chaîne de valeur des projets territoriaux :
• Conseil et études d’avant-projet, cadrage des orientations et objectifs, animation des écosystèmes locaux ;
• Assistance à maitrise d’ouvrage dans la conduite d’une stratégie ou d’un projet public, notamment dans des contextes partenariaux (public / public ou public / privé, à l’exemple du programme européen LEADER),
• Appui au montage juridico-financier du projet et des structures permettant une mise en œuvre effective dans les meilleures conditions pour un résultat optimal, à l’aune de l’efficience visée plus que jamais par les collectivités (efficacité maximale au moindre coût).
Or, les projets des territoires connaissent une tendance de fond à la complexification, avec de lourdes conséquences quant à leur déploiement théorique puis pratique. Par ailleurs, émerge un changement dans l’acte de concevoir et de vivre le territoire : il ne s’agit plus d’aménager « à partir de zéro », mais plutôt de faire évoluer l’existant en réinterrogeant les modèles classiques. Ces évolutions requièrent de facto la mobilisation de nouvelles expertises, aux effets escomptés multiples :
• Un effet d’accélération et de sécurisation : mieux qualifiés et structurés, davantage pilotés et mieux subventionnés, les projets sortent plus rapidement de terre, avec un entraînement significatif sur l’économie locale.
• Un effet d’amélioration qualitative : les projets font l’objet d’un portage par des sachants, dotés d’une connaissance des meilleurs pratiques. Ainsi, il s’agit de dé-siloter l’action publique en coordonnant le projet d’aménagement et les stratégies de développement.
• Un effet multiplicateur de l’action publique : évalué entre 1.2 et 1.5 fois l’investissement public au lieu de 0.8 à 0.9 dans le cadre d’une dépense publique traditionnelle.
Dans ce cadre, naît et se déploie une ingénierie de proximité, dite de transition(s) dans la mesure où elle est vouée à accompagner les collectivités locales, communales et intercommunales, dans l’évolution continue et accélérée des modèles stratégiques et des modes opérationnels, à l’aune des crises systémiques qui se cumulent et s’installent, de plus en plus induites par le dérèglement climatique contre lequel il faut lutter mais auquel il faut aussi s’adapter. Cette ingénierie de proximité est essentiellement incarnée et assurée par les Pays et Parcs Naturels Régionaux, en cela que ces entités, par définition, ont une pratique quotidienne et dès lors une connaissance fine de leurs territoires et de leurs acteurs ; soit une expertise singulière, voire unique, mêlant théorie et terrain.
Tel est le cas du Pays Sud Toulousain, né sous forme associative dans les années 2000, constitué depuis lors en Pôle d’Equilibre Territorial et Rural / PETR sous forme de syndicat mixte fermé puisque formé des Communautés de Communes du Bassin Auterivain, de Cœur de Garonne et du Volvestre. À l’instar de ses homologues à travers l’Occitanie et au-delà, il propose à ses collectivités une ingénierie de temps long qui aborde des questions stratégiques et leurs déclinaisons dans des divers programmes d’action (contractualisations avec l’Union européenne, l’Etat et la Région, financières et/ou thématiques) ; dans le cadre d’une mutualisation qui renforce les coopérations entre acteurs publics et privés ; sur la base d’un mode projet qui se veut le plus transversal, approfondi et approprié possible vis-à-vis des caractéristiques et des besoins de son territoire.
Au service de ses Communautés de Communes et de ses Communes, pour lesquels il se veut et agit tel un outil d’aide à la réflexion, à la décision et à la réalisation, son action s’articule autour des axes suivants :
- Appréhender la complexité : il vise à dynamiser et renforcer le territoire tout en répondant de front aux différents défis de transition écologique et énergétique, de sobriété foncière, de mutations sociales, de vieillissement de la population…
- Stimuler le territoire et ouvrir des perspectives : il se veut un espace de dialogue qui organise la mobilisation par la concertation des parties prenantes du territoire (y compris citoyennes via le Conseil de Développement), dans une logique d’émulation positive, pour aborder des réflexions innovantes et de l’expérimentation.
- Augmenter la portée de l’action publique en cultivant une connexion directe avec les élus, dans une relation de proximité et de confiance : l’intervention de son ingénierie aux côtés de celles des Communautés de Communes doit permettre l’enrichissement mutuel, par l’addition des compétences, et favoriser ainsi l’émergence de projets à fort impact pour le territoire (1 € investi dans l’ingénierie de proximité génère jusqu’à 20 € de financements !).
- Animer, faire réseau : un sens de l’écoute, la recherche du consensus et le dépassement s’affranchissant des frontières traditionnelles d’exercice de l’ingénierie sont autant de qualités singulières et indispensables pour appréhender la diversité des interactions, organiser de la médiation, déployer des partenariats publics et privés, encourager le jeu collectif.
- Accompagner sur-mesure grâce à une agilité intellectuelle, une culture technique et une approche institutionnelle sur de nombreux sujets (environnement, santé, énergie, numérique…) pour un bon niveau d’accompagnement aux porteurs de projets, mais aussi pour être en capacité d’identifier et mobiliser les expertises ad hoc (techniques, juridiques, contractuelles et financières).
- Développer la transversalité, dans une logique d’assemblier, ce qui requiert de raisonner avec la “culture projet”, en s’insérant dans des organisations et gouvernances souples et ouvertes, plus horizontales que verticales, dans une recherche d’efficacité décisionnelle.
- Mobiliser des compétences en stratégie, promotion et communication, via un savoir-faire spécifique en matière de veille et de prospective pour construire, porter, accompagner et évaluer des projets sur plusieurs échelles de temps et d’espace ; aussi via des capacités de pédagogie et d’information, car la réceptivité et l’acceptation du changement se travaille par une sensibilisation progressive et par la démonstration d’exemples ; enfin via des compétences qui valorisent l’ambition et les réalisations du territoire, grâce à une maîtrise du terrain en même temps qu’une prise de recul sur les sujets qui y sont abordés.
En définitive, pour faire simple et concis, le Pays Sud Toulousain et son équipe, constituent une ingénierie en circuit très court de terrain, à la fois souple et solide, adaptable et structurée, multithématique et experte, sachante et apprenante, visant à aider le territoire à avancer dans la voie visée de la plus haute qualité de vie rurale, sur la base d’un modèle régénéré et soutenable de progrès humain et social. Une ambition certaine, mais à portée, à condition de générer et exploiter les synergies nécessaires, en faveur desquelles œuvre le Pays au jour le jour avec ses collectivités et partenaires.
Sources : Vademecum pour une ingénierie du développement local et des transitions – ANPP 2022, et « L’ingénierie territoriale, une aubaine pour les territoires (et pour la France !) » – SCET 2023